Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Morrel obéit : Monte-Cristo se leva à son tour et alla chercher dans une armoire soigneusement fermée, et dont il portait la clef suspendue à une chaîne d’or, un petit coffret d’argent merveilleusement sculpté et ciselé, dont les angles représentaient quatre figures cambrées, pareilles à ces cariatides aux élans désolés, figures de femmes, symboles d’anges qui aspirent au ciel.

Il posa le coffret sur la table.

Puis, l’ouvrant, il en tira une petite boîte d’or dont le couvercle se levait par la pression d’un ressort secret.

Cette boîte contenait une substance onctueuse à demi solide, dont la couleur était indéfinissable, grâce au reflet de l’or poli, des saphirs, des rubis et des émeraudes qui garnissaient la boîte.

C’était comme un chatoiement d’azur, de pourpre et d’or.

Le comte puisa une petite quantité de cette substance avec une cuiller de vermeil, et l’offrit à Morrel en attachant sur lui un long regard.

On put voir alors que cette substance était verdâtre.

— Voilà ce que vous m’avez demandé, dit-il. Voilà ce que je vous ai promis.

— Vivant encore, dit le jeune homme, prenant la cuiller des mains de Monte-Cristo, je vous remercie du fond de mon cœur.

Le comte prit une seconde cuiller, et puisa une seconde fois dans la boîte d’or.

— Qu’allez-vous faire, ami ? demanda Morrel, en lui arrêtant la main.

— Ma foi ! Morrel, lui dit-il en souriant, je crois, Dieu me pardonne, que je suis aussi las de la vie que vous, et puisque l’occasion s’en présente…

— Arrêtez ! s’écria le jeune homme, oh ! vous, qui aimez, vous qu’on aime, vous qui avez la foi de l’espérance,