Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/94

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Et il plaça les bons dans son portefeuille.

— Mais, dit Danglars, nous avons une somme de cent mille francs ?

— Oh ! bagatelle, dit Monte-Cristo. L’agio doit monter à peu près à cette somme ; gardez-la, et nous serons quittes.

— Comte, dit Danglars, parlez-vous sérieusement ?

— Je ne ris jamais avec les banquiers, répliqua Monte-Cristo avec un sérieux qui frisait l’impertinence.

Et il s’achemina vers la porte, juste au moment où le valet de chambre annonçait :

— M. de Boville, receveur général des hospices.

— Ma foi, dit Monte-Cristo, il paraît que je suis arrivé à temps pour jouir de vos signatures, on se les dispute.

Danglars pâlit une seconde fois, et se hâta de prendre congé du comte.

Le comte de Monte-Cristo échangea un cérémonieux salut avec M. de Boville, qui se tenait debout dans le salon d’attente, et qui, M. de Monte-Cristo passé, fut immédiatement introduit dans le cabinet de M. Danglars.

On eût pu voir le visage si sérieux du comte s’illuminer d’un éphémère sourire à l’aspect du portefeuille que tenait à la main M. le receveur des hospices.

À la porte, il retrouva sa voiture, et se fit conduire sur-le-champ à la banque.

Pendant ce temps, Danglars, comprimant toute émotion, venait à la rencontre du receveur général.

Il va sans dire que le sourire et la gracieuseté étaient stéréotypés sur ses lèvres.

— Bonjour, dit-il, mon cher créancier, car je gagerais que c’est le créancier qui m’arrive.

— Vous avez deviné juste, monsieur le baron, dit