Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/173

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mutuellement tenir le serment que nous nous sommes donné dans les collines. Adieu, ami ! je vous serre les mains ; je pense trop à vous pour avoir besoin de vous dire : Pensez à moi. »

Cette lettre était signée tout au long : « Madeleine Riouffe. »

La jeune femme, dans la candeur de son amour, dans l’énergie de sa résolution, était heureuse de donner à ce papier une valeur de lettre de change.

M. Coumbes pensait rêver ; il tournait, il retournait dans tous les sens l’épître de Mlle Riouffe, comme si elle eût eu quelque sens caché qu’il n’était point encore parvenu à traduire. Il assaisonnait chacun de ses gestes d’imprécations tour à tour méprisantes ou furibondes : le mépris à l’adresse de l’impudence des femmes, la fureur à propos de l’ingratitude des hommes.

Il aperçut un post-scriptum que la finesse de l’écriture lui avait fait négliger.

« Surtout, pas d’imprudence, ajoutait Mlle Madeleine à sa lettre ; ne vous montrez pas même à la porte de nos mutuelles frontières avant que j’aie préparé Jean à mes volontés ; gardez-vous d’aller poéti-