Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/187

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– Oh ! faites, dites, mère ! répondit le jeune homme, aussi pâle, aussi égaré que l’était sa mère. Qu’est-il arrivé, grand Dieu ! que vous puissiez supposer que je cesse de vous vénérer comme la plus respectable des femmes, de vous chérir comme la plus tendre des mères ? Vous me faites frémir à mon tour ; hâtez-vous de me tirer de ces angoisses. De quelque faute que vous soyez coupable, n’êtes-vous pas ma mère, et une mère n’est-elle pas, pour son fils, infaillible comme Dieu l’est pour les hommes ? Mais non, vous qui m’avez enseigné les lois de la probité, vous qui m’avez appris à respecter l’honneur, vous êtes incapable d’avoir manqué à l’un ou à l’autre. La délicatesse de votre conscience vous égare : parlez donc, que je vous console ; parlez, que je vous rassure ; parlez, parlez, mère, je vous en conjure !

Millette avait trop présumé de ses forces ; les sanglots étouffaient sa voix ; elle ne put que se jeter aux genoux de son fils : le mot de pardon fut le seul qu’elle put articuler.

En voyant sa mère à ses pieds, Marius se redressa brusquement ; il la prit dans ses bras pour la relever.

Il tournait le dos à la porte du jardin, à laquelle Millette faisait face.

Tout à coup, les yeux de celle-ci s’ouvrirent démesurément