Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/191

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Millette sortit de l’anéantissement dans lequel elle était plongée.

– Marius ! Marius ! s’écria-t-elle, au nom de Dieu, ne porte pas la main sur cet homme. Mon fils, je t’en prie, je t’en conjure, je te l’ordonne ! Cet homme, Marius, cet homme est sacré pour toi.

Cette dernière phrase ne s’échappa qu’inarticulée de la gorge de la pauvre femme ; en l’achevant, ses forces l’abandonnèrent, ses bras suppliants, qu’elle tendait vers son enfant, retombèrent le long de ses flancs ; un nuage passa sur ses yeux ; elle perdit connaissance, se renversa en arrière et tomba sur le sable.

Les champions n’avaient pu l’entendre ; dès les premiers moments, le jeune homme, plus vigoureux que son adversaire, avait poussé celui-ci hors de l’enceinte. Ils étaient tombés tous deux dans la poussière de la route.

Lorsque Marius put se débarrasser des bras du mendiant, qui essayait de le faire rouler sous lui, il rentra dans le jardin et aperçut sa mère évanouie.

Il la prit entre ses bras et l’emporta dans le cabanon.

Mais il avait négligé de fermer la porte, et il n’eut pas plus tôt tourné le dos, que le mendiant l’ouvrit sans bruit et se glissa dans la pinède, dont le feuillage, grâce à l’obscurité qui commençait à envelopper la