Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/198

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absoudre ; infâme pour le monde, pour toi il doit rester sacré, cet homme…

– Ma mère !

– Cet homme, c’est ton père, Marius !

Ces derniers mots expirèrent sur les lèvres de Millette, qui retomba accablée sur le divan après les avoir prononcés. Marius était devenu livide en les entendant ; il demeura pendant quelques instants anéanti ; puis, se jetant au cou de Millette, l’étreignant dans ses bras, la pressant sur son cœur, couvrant son visage de caresses et de larmes :

– Vous voyez bien, ma mère, s’écria-t-il, que je vous aime encore !

Pendant quelques instants, on n’entendit que le bruit des baisers et des sanglots de la mère et du fils.

Alors Millette raconta à Marius ce que nos lecteurs savent déjà.

Lorsqu’elle eut terminé ce triste récit, souvent interrompu par les spasmes de son désespoir, il resta pensif, accoudé contre le divan, la tête appuyée sur sa main, tandis que Millette penchait son front sur son épaule pour se rapprocher davantage de celui qui allait devenir, elle le pressentait, son seul soutien.

– Mère, lui dit-il d’un accent grave et tendu, il ne faut plus pleurer. Vos larmes sont autant d’accusations