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Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/231

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simple toucher, devoir renfermer le Pérou dans ses flancs ; ses doigts eurent le vertige et le communiquèrent à son cerveau ; il avait bien vu à l’angle de la maison une fenêtre éclairée, mais il supposait que cette fenêtre était celle de la chambre où couchait la servante ; puis Pierre Manas comptait sur son habileté éprouvée. Si par malheur, d’ailleurs, cette femme se présentait, tant pis pour elle ; pourquoi se mêlait-elle de choses qui ne la regardaient pas ? Pierre Manas avait, dans ce cas, des moyens sûrs de lui imposer silence : il prit un ciseau dans son arsenal et opéra une forte pesée sur le volet du secrétaire tentateur. Celui-ci n’était pas meuble à se laisser violer sans bruit ; ses ais, en se disjoignant, éclatèrent avec un fracas formidable, et Jean Riouffe, qui lisait en attendant le retour de sa sœur apparut au lieu de la servante que Pierre Manas croyait voir arriver.

Les cris du frère de Madeleine, lorsque le bandit le frappa deux fois de son couteau, n’arrivèrent pas jusqu’à M. Coumbes, dont le poste d’observation était, nous l’avons dit, placé derrière la maison ; il entendit seulement un certain remue-ménage indiquant une rixe quelconque. Il crut que la représentation dont il avait voulu se passer la fantaisie était chaude ; son intérêt redoubla, ses oreilles se dressèrent plus attentives, et ce fut tout. Mais quelques instants après que Marius se fût élancé sur les traces de l’assassin,