Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/296

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– Dix-huit à dix-neuf ans à peu près, répondit Millette en baissant les yeux.

– Alors tu dois avoir une jolie pelote.

– Comment ! une pelote ?

– Oui ; je te connais, tu es économe ; à deux cents francs par an, pour tes gages, si grigou que soit le vieux drôle, c’est bien le moins qu’il devait te donner ; à deux cents francs par an, avec les intérêts, cela fait bien près de dix ou douze mille francs, sais tu ? Or, comme chef de la communauté, c’est à moi qu’appartient la disposition de l’argent. Où sont les dix ou douze mille francs ?

– Mais, malheureux, répondit Millette, je n’ai jamais pensé à rien demander à M. Coumbes, de même qu’il n’a jamais pensé à me rien donner. Je soignais les intérêts de la maison. Il m’habillait, me nourrissait ; il habillait et nourrissait Marius. Il a fait, en outre, la dépense de son éducation.

– Oui, je comprends, de sorte qu’il y a un compte à faire entre toi et M. Coumbes. C’est bien, conduis-moi à sa chambre ; ce compte, nous le réglerons, et, une fois réglé, je lui donnerai décharge définitive, afin que personne ne lui réclame rien après moi.

– Mais, malheureux, que dis-tu donc là ?

– Je dis qu’il s’agit de me conduire droit à la chambre du vieux cancre, et cela sans barguigner,