Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/45

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à sa bicoque des proportions véritablement olympiennes. Quoi que M.  Coumbes eût demandé au dévouement de la pauvre femme, il n’eût jamais laissé échapper l’occasion de se manifester : la conviction de son infériorité lui faisait considérer tout refus comme impossible.

Aussi, n’ayant jamais caressé de chimériques espérances, elle n’en connut pas la déception, partant point d’humiliation ; elle accepta sa position telle que la lui faisait son maître, avec une sorte de résignation tendre et reconnaissante.

Les années s’écoulèrent ainsi, empilant écus sur écus dans le coffre-fort du maître portefaix, entassant couffin de terreau sur couffin de fumier dans le jardinet de Montredon.

Mais leur destinée était différente : tandis que le mistral éparpillait terreau et fumier, les écus demeuraient, s’arrondissaient, produisaient.

Ils produisaient si bien, qu’après une quinzaine d’années, M.  Coumbes éprouva des défaillances, le lundi de chaque semaine, lorsqu’il lui fallait quitter Montredon, son figuier, ses légumes et ses lignes, pour regagner son étroit appartement de la rue de la Darse, et que ces crises hebdomadaires devinrent de semaine en semaine plus violentes. L’amour du cabanon et l’amour des richesses luttèrent quelque temps dans son cœur. Dieu lui-même ne dédaigna