Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/85

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s’arrêta au premier étage, où on lui avait dit qu’il trouverait la personne qu’il cherchait. Effectivement sur la porte qui s’ouvrait à sa gauche, il aperçu deux plaques de cuivre scellées dans le bois ; sur l’une d’elles étaient gravés ces mots : Jean Riouffe et sœur, commissionnaires et armateurs ; sur l’autre, Bureau et caisse. Il tourna le bouton de la première et il entra.

Les Méridionaux comprennent difficilement les querelles sans tapage ; il leur faut toujours un peu de trompette avant le combat. Marius était de son pays, et, si jeune qu’il fût, il en possédait déjà les habitudes. Pendant la nuit, pendant le voyage de Montredon à Marseille, il avait travaillé à exalter sa petite cervelle, et s’était si complètement monté, qu’un capitan n’eût rien trouvé à reprendre à sa tenue et à sa physionomie. Sa redingote était boutonnée jusqu’au menton, sa coiffure légèrement inclinée sur l’oreille, ses sourcils rapprochés, ses narines dilatées, ses lèvres frémissantes, comme il convient à un redresseur de torts.

M. Jean Riouffe ! s’écria-t-il d’une voix provocante en franchissant le seuil de la porte et sans ôter son chapeau.

Un des deux commis qui travaillaient derrière des cages en fil de fer à guichet leva le nez de dessus une liasse de connaissements qu’il était en train de rédi-