– Oh ! mais, moi, je le sais ; je l’ai vue passer à cheval sur un balai pour aller au sabbat.
– Tu l’as vue passer, Mocquet ?
– Comme je vous vois, mon général ; sans compter qu’elle a chez elle un vieux bouc noir qu’elle adore.
– Et pourquoi te cauchemarde-t-elle ?
– Pour se venger de ce que je l’ai surprise dansant sa ronde diabolique, à minuit, sur les bruyères de Gondreville.
– Mocquet, c’est une grave accusation que tu portes là, mon ami, et, avant de répéter tout haut ce que tu me dis tout bas, je te conseille d’amasser quelques preuves.
– Des preuves ! Allons donc ! est-ce que tout le monde ne sait pas bien dans le village que, dans sa jeunesse, elle a été la maîtresse de Thibault, le meneur de loups !
– Diable ! Mocquet, il faut faire attention à cela.
– J’y fais attention aussi, et elle me le payera, la vieille taupe !
La vieille taupe était une expression que Mocquet empruntait à son ami Pierre le jardinier, lequel, n’ayant pas de plus grand ennemi que les taupes, donnait le nom de taupe à tout ce qu’il détestait.
« Il faut faire attention à cela », avait dit mon père.
Ce n’est pas que mon père crût au cauchemar de Mocquet ; ce n’est pas même qu’en admettant l’existence du cauchemar, il crût que c’était la mère Durand qui cauchemardait son garde : non ; mais mon