Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/65

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– Par les cornes de monseigneur Belzébuth ! s’écria le baron Jean enchanté de son coup d’adresse, c’est mon gouailleur de ce matin ! Or çà, drôle ! la conversation que tu as eue avec mon fouet t’a donc semblé trop courte, que te voilà décidé à la reprendre où tu l’avais quittée ?

– Oh ! pour cela, je vous jure que non, monseigneur, reprit Thibault avec l’accent de la plus parfaite sincérité.

– Tant mieux pour ta peau, garçon. Et maintenant, voyons, dis-moi, que faisais-tu là-haut, perché sur ce chêne ?

– Monseigneur le voit bien, répondit Thibault montrant quelques brindilles éparses çà et là, je coupais du bois mort pour mon chauffage.

– Ah ! très bien. Maintenant, garçon, tu vas nous dire sans barguigner ce qu’est devenu notre daim, n’est-ce pas ?

– Eh ! par le diable ! il doit le savoir, attendu qu’il était bien placé là-haut pour ne rien perdre de ses mouvements, dit Marcotte.

– Mais, dit Thibault, je vous jure, monseigneur, que je ne sais pas ce que vous voulez dire avec ce malheureux daim.

– Ah ! par exemple, s’écria Marcotte, enchanté de faire retomber sur un autre la mauvaise humeur de son maître ; il ne l’a pas vu, il n’a pas vu l’animal, il ne sait pas ce que nous voulons dire avec notre malheureux daim ! Tenez, monseigneur, voyez : voici bien ici, sur ces feuilles, la pince de la bête ; c’est l’endroit où les chiens se sont arrêtés, et maintenant, quoique le sol soit d’un beau revoir, ni à dix, ni à vingt, ni à cent pas, nous ne retrouvons trace de l’animal.

– Tu entends ? reprit le seigneur Jean emboîtant la parole à son premier piqueur ; tu étais là-haut, le daim