Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/87

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barras ; mais encore faudrait-il connaître vos exigences. De quoi s’agit-il ? que désirez-vous ? Parlez.

– D’abord, et avant tout, je désire un verre d’eau, car ces maudits chiens m’ont mis tout hors d’haleine.

– À l’instant, seigneur loup.

Et Thibault courut chercher une écuelle d’eau fraîche et limpide à la source qui coulait à dix pas de la hutte. Thibault prouvait, par cet empressement, combien il était heureux d’en être quitte à si bon marché. Il déposa l’écuelle devant le loup en lui faisant une profonde révérence. Le loup lapa le contenu de l’écuelle avec délices, puis s’étendit sur le sol, les pattes allongées à la manière des sphinx.

– Maintenant, dit-il, écoute-moi.

– Il y a donc autre chose ? demanda Thibault tout frissonnant.

– Pardieu ! et une chose très urgente, répondit le loup noir. Entends-tu les abois des chiens ?

– Par ma foi ! oui, je les entends, et, comme ils vont se rapprochant, dans cinq minutes ils seront ici.

– Eh bien, il s’agit de m’en débarrasser.

– De vous en débarrasser ! et comment ? s’écria Thibault, qui se rappelait ce qu’il lui en avait coûté pour s’être mêlé, la veille, de la chasse du baron Jean.

– Dame ! vois, cherche, ingénie-toi !

– C’est qu’en effet ce sont de rudes chiens que les chiens du baron Jean, et ce que vous me demandez là, seigneur loup, c’est tout simplement de vous sauver la vie ; car, je vous en préviens, s’ils vous rejoignent, et ils vous rejoindront selon toute probabilité, ils vous mettront de la première goulée en charpie. Or, si je vous épargne ce désagrément, ajouta Thibault croyant