Le roi s'agenouilla et prit la main de Madame. — Page 326.
Elle se reprenait parfois au souvenir de ce pauvre jeune homme qu’elle avait reçu en mère et chassé en marâtre.
Un soupir achevait sa pensée. Tout à coup le duc d’Orléans entra chez elle.
— Ma mère, s’écria-t-il en fermant vivement les portières, les choses ne peuvent subsister ainsi.
Anne d’Autriche leva sur lui ses beaux yeux, et, avec une inaltérable douceur :
— De quelle chose voulez-vous parler ? dit-elle.
— Je veux parler de Madame.
— Votre femme ?
— Oui, ma mère.
— Je gage que ce fou de Buckingham lui aura écrit quelque lettre d’adieu.
— Ah bien, oui, ma mère, est-ce qu’il s’agit de Buckingham !
— Et de qui donc alors ? Car ce pauvre garçon était bien à tort le point de mire de votre jalousie, et je croyais…
— Ma mère, Madame a déjà remplacé M. de Buckingham.
— Philippe, que dites-vous ? Vous prononcez là des paroles légères.
— Non pas, non pas. Madame a si bien fait que je suis encore jaloux.
— Et de qui, bon Dieu ?
— Quoi ! vous n’avez pas remarqué ?
— Non.
— Vous n’avez pas vu que M. de Guiche est toujours chez elle, toujours avec elle ?