uniforme, c’est l’armée. Supposez, par exemple, sire, que vous avez la guerre avec la Hollande, ce qui tôt ou tard arrivera certainement, ou avec l’Espagne, ce qui arrivera peut-être si votre mariage manque (Mazarin regarda profondément le roi), et il y a mille causes qui peuvent faire manquer votre mariage ; — eh bien ! approuveriez-vous l’Angleterre d’envoyer aux Provinces-Unies ou à l’infante un régiment, une compagnie, une escouade même de gentilshommes anglais ? Trouveriez-vous qu’elle se renferme honnêtement dans les limites de son traité d’alliance ?
— Bonjour, Planchet, répondit d'Artagnan. — Page 56.
Louis écoutait ; il lui semblait étrange que Mazarin invoquât la bonne foi, lui, l’auteur de tant de supercheries politiques qu’on appelait des mazarinades.
— Mais enfin, dit le roi, sans autorisation manifeste, je ne puis empêcher des gentilshommes de mon État de passer en Angleterre si tel est leur bon plaisir.
— Vous devez les contraindre à revenir, sire, ou tout au moins protester contre leur présence en ennemis dans un pays allié.
— Mais enfin, voyons, vous, monsieur le cardinal, vous un génie si profond, cherchons un moyen d’aider ce pauvre roi sans nous compromettre.
— Et voilà justement ce que je ne veux pas, mon cher sire, dit Mazarin. L’Angleterre agirait d’après mes désirs qu’elle n’agirait pas mieux ; je dirigerais d’ici la politique d’Angleterre que je ne la dirigerais pas autrement. Gouvernée ainsi qu’on la gouverne, l’Angleterre est pour l’Europe un nid éternel à procès. La Hollande protége Charles II : laissez faire la Hollande ; ils se fâcheront, ils se battront ; ce sont les deux seules puissances maritimes ; laissez-les détruire leurs