Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/498

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— Je profiterai de cela pour vous présenter au roi.
— Ah ! corne de bœuf ! d’Artagnan, il n’y a en vérité que vous pour trouver des expédients. — Page 452.

— Sans doute, sire.

— Le cheval de Guiche eût été éventré comme celui de M. de Saint-Maure que cela ne m’étonnerait point, pardieu !

Manicamp ouvrit de grands yeux.

— Mais ce qui m’étonne, continua le roi, c’est que le cheval de Guiche, au lieu d’avoir le ventre ouvert, ait la tête cassée.

Manicamp se troubla.

— Est-ce que je me trompe ? reprit le roi, est-ce que ce n’est point à la tempe que le cheval de Guiche a été frappé ? Avouez, monsieur de Manicamp, que voilà un coup singulier.

— Sire, vous savez que le cheval est un animal très-intelligent, il aura essayé de se défendre.

— Mais un cheval se défend avec les pieds de derrière, et non avec la tête ?

— Alors, le cheval, effrayé, se sera abattu, dit Manicamp, et le sanglier, vous comprenez, sire, le sanglier…

— Oui, je comprends pour le cheval ; mais pour le cavalier ?

— Eh bien, c’est tout simple : le sanglier est revenu du cheval au cavalier, et, comme j’ai déjà eu l’honneur de le dire à Votre Majesté, a écrasé la main de de Guiche au moment où il allait tirer sur lui son second coup de pistolet ; puis, d’un coup de boutoir, il lui a troué la poitrine.

— Cela est on ne peut plus vraisemblable, en vérité, monsieur de Manicamp ; vous avez tort