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Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/156

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LES FRÈRES CORSES

« — Qu’as-tu donc, me dit-elle, et pourquoi es-tu si pâle ?

« — Je n’ai rien, répondis-je.

« Et, prenant un autre chandelier, je remontai.

« Cette fois, la bougie ne s’éteignit point, et je rentrai dans la chambre de mon frère… Elle était vide.

« Le cierge avait complètement disparu : aucun poids n’avait affaissé les matelas du lit.

« À terre était ma première bougie, que je rallumai.

« Malgré cette absence de nouvelles preuves, j’en avais vu assez pour être convaincu.

« À neuf heures dix minutes du matin, mon frère avait été tué. Je rentrai et je me couchai fort agité.

« Comme vous pouvez le penser, je fus longtemps à m’endormir ; enfin la fatigue l’emporta sur l’agitation, et le sommeil s’empara de moi.

« Alors tout se continua dans la forme d’un rêve ; je vis la scène comme elle s’était passée ; je vis l’homme qui l’a tué ; j’entendis prononcer son nom : il s’appelle M. de Château-Renaud.

— Hélas ! tout cela n’est que trop vrai, répondis-je ; mais que venez-vous faire à Paris ?

— Je viens tuer celui qui a tué mon frère.

— Le tuer ?…

— Oh ! soyez tranquille, pas à la manière corse, derrière une haie ou par-dessus un mur : non, non, à la