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LES FRÈRES CORSES

J’étais donc en Corse, comme je l’ai dit, au commencement de mars. J’y étais seul, Jadin étant resté à Rome.

J’y étais venu de l’île d’Elbe ; j’avais débarqué à Bastia ; j’avais acheté un cheval au prix susmentionné.

J’avais visité Corte et Ajaccio, et je parcourais pour le moment la province de Sartène.

Ce jour-là, j’allais de Sartène à Sullacaro.

L’étape était courte : une dizaine de lieues peut-être, à cause des détours, et d’un contre-fort de la chaîne principale qui forme l’épine dorsale de l’île, et qu’il s’agissait de traverser : aussi avais-je pris un guide, de peur de m’égarer dans les maquis.

Vers les cinq heures, nous arrivâmes au sommet de la colline qui domine à la fois Olmeto et Sullacaro.

Là, nous nous arrêtâmes un instant.

— Où Votre Seigneurie désire-t-elle loger ? demanda le guide.

Je jetai les yeux sur le village, dans les rues duquel mon regard pouvait plonger, et qui semblait presque désert : quelques femmes seulement apparaissaient rares dans les rues ; encore marchaient-elles d’un pas rapide et en regardant autour d’elles.

Comme, en vertu des règles d’hospitalité établies, et dont j’ai dit un mot, j’avais le choix entre les cent ou cent vingt maisons qui composent le village, je cherchai des yeux l’habitation qui semblait m’offrir le plus