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OTHON L’ARCHER

effrayé de la chute de son maître, il reprit la route par laquelle il était venu et disparut bientôt derrière le sommet du chemin creux.

— Mon père, dit tranquillement le comte Karl au prêtre tremblant de frayeur, je crois que vous n’avez pas de temps à perdre pour accomplir votre sainte mission. Voilà la confession que je vous avais promise ; hâtez-vous de la recevoir.

Et, remettant son épée dans le fourreau, il reprit sa monumentale immobilité.

Le prêtre s’approcha du moribond, qui s’était relevé sur un genou et sur une main, mais qui n’avait pu faire davantage. Il lui détacha son casque, il avait le visage pâle et les lèvres pleines de sang. Karl crut un instant qu’il ne pourrait point parler, mais il se trompait. Godefroy s’assit, et le prêtre, agenouillé près de lui, écouta la confession qu’il lui fit d’une voix basse et entrecoupée. Aux derniers mots, le blessé sentit que sa fin était proche, et, avec l’aide du prêtre, s’étant mis à genoux, il leva les deux mains au ciel en disant à trois reprises.

— Seigneur, Seigneur, pardonnez-moi !

Mais, à la troisième, il poussa un profond soupir et retomba sans mouvement. Il était mort.

— Mon père, dit le comte Karl au prêtre, n’êtes-vous pas autorisé à révéler la confession qui vient de vous être faite ?