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LES FRÈRES CORSES

Au détour du corridor, je me trouvai en face d’une femme de haute taille, vêtue de noir.

Je compris que cette femme, de trente-huit à quarante ans, encore belle, était la maîtresse de la maison, et je m’arrêtai devant elle.

— Madame, lui dis-je en m’inclinant, vous devez me trouver bien indiscret ; mais l’usage du pays m’excuse et l’invitation de votre serviteur m’autorise.

— Vous êtes le bienvenu pour la mère, me répondit madame de Franchi, et vous serez tout à l’heure bienvenu pour le fils. À partir de ce moment, monsieur, la maison vous appartient ; usez-en donc comme si elle était la vôtre.

— Je viens vous demander l’hospitalité pour une nuit seulement, madame. Demain matin, au point du jour, je partirai.

— Vous êtes libre de faire ainsi qu’il vous conviendra, monsieur. Cependant, j’espère que vous changerez d’avis, et que nous aurons l’honneur de vous posséder plus longtemps.

Je m’inclinai une seconde fois.

— Maria, continua madame de Franchi, conduisez monsieur à la chambre de Louis. Allumez du feu à l’instant même, et portez de l’eau chaude. — Pardon, continua-t-elle en se retournant de mon côté, tandis que la servante s’apprêtait à suivre ses instructions, je sais que le premier besoin du voyageur fatigué est l’eau