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LES FRÈRES CORSES

de ma chambre et de me faire par l’ameublement une idée du caractère de celui qui l’habitait.

Je passai aussitôt du projet à la réalisation, en pivotant sur le talon gauche, et en exécutant ainsi un mouvement de rotation sur moi-même qui me permit de passer en revue les uns après les autres les différents objets dont j’étais entouré.

L’ameublement était tout moderne ; ce qui, dans cette partie de l’île où la civilisation n’est pas encore parvenue, ne laisse pas que d’être une manifestation de luxe assez rare. Il se composait d’un lit de fer, garni de trois matelas et d’un oreiller, d’un divan, de quatre fauteuils, de six chaises, d’un double corps de bibliothèque et d’un bureau ; le tout en bois d’acajou et sortant évidemment de la boutique du premier ébéniste d’Ajaccio.

Le divan, les fauteuils et les chaises, étaient recouverts d’indienne à fleurs, et des rideaux d’étoffe pareille pendaient devant les deux fenêtres et enveloppaient le lit.

J’en étais là de mon inventaire, lorsque Maria sortit et me permit de pousser plus loin mon investigation.

J’ouvris la bibliothèque et je trouvai la collection de tous nos grands poètes :

Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Ronsard, Victor Hugo et Lamartine.

Nos moralistes :