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OTHON L’ARCHER

— En quelle qualité ? répondit le jeune homme.

— Mais en celle qui me paraît convenir à votre condition et à votre adresse : comme archer.

Othon sourit avec une expression indéfinissable pour ceux qui ne devaient voir en lui qu’un habile tireur d’arc, et allait sans doute répondre selon son rang et non selon son apparence, lorsqu’il vit les yeux d’Héléna se fixer sur lui avec une telle expression d’anxiété, que les paroles s’arrêtèrent sur ses lèvres. En même temps, la jeune fille joignit les mains en signe de prière ; Othon sentit son orgueil se fondre à ce premier rayon d’amour, et, se tournant vers le prince :

— J’accepte, lui dit-il.

Un éclair de joie passa sur la figure d’Héléna.

— Eh bien, c’est chose dite, continua le prince ; à compter de ce jour, vous êtes à mon service. Prenez cette bourse, ce sont les arrhes du marché.

— Merci, monseigneur, répondit Othon en souriant, j’ai encore quelque argent qui me vient de ma mère. Lorsque je n’en aurai plus, je réclamerai de Votre Seigneurie la paye qui me sera due en raison de mon service. Seulement, puisque Votre Seigneurie est si bien disposée pour moi, je réclamerai d’elle une autre grâce.

— Laquelle ? dit le prince.

— C’est, reprit Othon, d’engager en même temps que moi ce brave garçon que Votre Seigneurie voit là-bas appuyé sur son arc, et qui s’appelle Hermann :