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OTHON L’ARCHER

venstein. Quant à Hermann, il avait disparu sans que l’on sût pour quelle cause, et, à l’appel du matin, il n’avait pas répondu, ni personne pour lui.

La nuit vint sans apporter aucun changement à la situation respective des assiégés et des assiégeants. Héléna n’osait lever les yeux sur son père. Ce n’était qu’à cette heure que lui apparaissaient toutes les conséquences de son refus, et ce refus avait été si soudain et si inattendu, qu’elle tremblait à tout moment que le vieux prince ne lui en demandât les causes.

Le jour parut, aussi triste et aussi menaçant que la veille, et, avec le jour, les fanfares du comte de Ravenstein se réveillèrent. Le vieux prince montait d’heure en heure sur les remparts, se tournant comme le trompette vers les quatre coins de l’horizon, et jurant qu’au temps de sa jeunesse pareille chose ne fût pas arrivée sans que dix champions se fussent déjà présentés pour défendre une cause aussi sacrée que l’était la sienne. Héléna ne quittait point la chapelle de la princesse Béatrix. Othon paraissait toujours calme et insoucieux au milieu de l’inquiétude générale. Hermann n’avait pas reparu.

La nuit se passa pleine d’inquiétude et de trouble. Le jour qui se levait était le dernier. Le lendemain, allaient commencer les assauts et les escalades, et la vie de plusieurs centaines d’hommes allait payer le caprice d’une jeune fille. Aussi, lorsque les premiers