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OTHON L’ARCHER

landgrave s’enferma dans les appartements les plus reculés du château de Godesberg.

Hombourg était seul admis près de lui, et encore, des jours se passaient-ils quelquefois tout entiers sans qu’il pût parvenir jusqu’à son ami. Le bon chevalier ne savait plus que faire : tantôt il voulait aller rechercher Emma au couvent de Nonenwerth, mais il craignait qu’un nouveau refus ne redoublât les chagrins de l’époux ; tantôt il voulait se mettre en quête d’Othon, mais tremblait qu’une recherche inutile ne portât au comble les angoisses du père.

Ce fut sur ces entrefaites qu’arrivèrent au château de Godesberg les dépêches du prince Adolphe de Clèves. Dans toute autre circonstance, le landgrave Ludwig se fût empressé de se rendre en personne à cette invitation de guerre ; mais il était tellement absorbé dans sa douleur, qu’il donna ses pouvoirs à Hombourg, et que le bon chevalier, après avoir lui-même, selon sa coutume, revêtu son ami Hans de son harnais de bataille, se mit à la tête de vingt hommes d’armes et s’achemina vers la principauté de Clèves, où il arriva le soir même du jour où avait eu lieu, entre le chevalier au cygne d’argent et le comte de Ravenstein, le combat que nous avons décrit.

Le comte Karl avait été reçu comme un ancien compagnon d’armes et avait trouvé le château en fête. Une seule circonstance dont nul ne pouvait se rendre