Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/120

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— Si fait.

— Eh bien ! donnez-le-moi.

— Au fait ! puisque vous êtes entré…

— Et que nous sommes amis.

— Soit ; vous n’avez qu’à dire : Parme et Lorraine.

— Et le portier m’ouvrira ?

— À l’instant même.

— Très-bien, merci. Allez à vos affaires, je retourne aux miennes.

Nicolas Poulain se sépara de son compagnon et alla rejoindre ses collègues.

Briquet fit quelques pas comme s’il allait redescendre dans la cour, mais arrivé à la première marche de l’escalier, il s’arrêta pour explorer les localités.

Le résultat de ses observations fut que la voûte s’allongeait parallèlement au mur extérieur, qu’elle abritait par un large auvent. Il était évident que cette voûte aboutissait à quelque salle basse, propre à cette mystérieuse réunion à laquelle Briquet n’avait pas eu l’honneur d’être admis.

Ce qui le confirma dans cette supposition, qui devint bientôt une certitude, c’est qu’il vit apparaître une lumière à une fenêtre grillée, percée dans ce mur, et défendue par une espèce d’entonnoir en bois, comme on en met aujourd’hui aux fenêtres des prisons ou des couvents, pour intercepter la vue du dehors et ne laisser que l’air et l’aspect du ciel.

Briquet pensa bien que cette fenêtre était celle de la salle des réunions, et que si l’on pouvait arriver jusqu’à elle, l’endroit serait favorable à l’observation, et que, placé à cet observatoire, l’œil pouvait facilement suppléer aux autres sens.

Seulement la difficulté était d’arriver à cet observatoire et d’y prendre place pour voir sans être vu.

Briquet regarda autour de lui.

Il y avait dans la cour les pages avec leurs chevaux, les soldats avec leurs hallebardes, et le portier avec ses clefs ; en somme, tous gens alertes et clairvoyants.