Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/145

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— Ernauton de Carmainges.

— Ah oui ! Peste ! quelle chemise a le numéro 31 ! on dirait d’un sac de pénitent.

— Celui-là, c’est M. de Chalabre : s’il ruine Votre Majesté, lui, ce ne sera pas, je vous en réponds, sans s’enrichir un peu.

— Et cet autre visage sombre, et qui n’a pas l’air de rêver d’amour ?

— Quel numéro, sire ?

— Numéro 12.

— Fine lame, cœur de bronze, homme de ressources, M. de Sainte-Maline, sire.

— Ah çà ! mais, j’y réfléchis ; sais-tu que tu as eu là une idée, La Valette ?

— Je le crois bien ; jugez donc un peu, sire, quel effet vont produire ces nouveaux chiens de garde, qui ne quitteront pas plus Votre Majesté que l’ombre le corps ; ces molosses qu’on n’a jamais vus nulle part, et qui, à la première occasion, vont se montrer d’une façon qui nous fera honneur à tous.

— Oui, oui, tu as raison, c’est une idée. Mais attends donc.

— Quoi ?

— Ils ne vont pas me suivre comme mon ombre dans cet équipage-là, je présume ? Mon corps a bonne façon, et je ne veux pas que son ombre, ou plutôt que ses ombres le déshonorent.

— Ah ! nous en revenons, sire, à la question du chiffre.

— Comptais-tu l’éluder ?

— Non pas, au contraire, c’est en toutes choses la question fondamentale ; mais, à l’endroit de ce chiffre, j’ai encore eu une idée.

— D’Épernon ! d’Épernon ! dit le roi.

— Que voulez-vous, sire, le désir de plaire à Votre Majesté double mon imagination.

— Allons, voyons, dis cette idée.