— Sire, répondit le président avec sa dignité facile, que l’on appelait à la cour sa courtoisie de huguenot, nous venons supplier Votre Majesté, ainsi que l’a désiré M. de Thou, de ménager la vie du coupable. Il a sans doute quelques révélations à faire, et en lui promettant la vie, on les obtiendrait.
— Mais, dit le roi, ne les a-t-on pas obtenues, monsieur le président ?
— Oui, sire, en partie : est-ce suffisant pour Votre Majesté ?
— Je sais ce que je sais, messire.
— Votre Majesté sait alors à quoi s’en tenir sur la participation de l’Espagne dans cette affaire ?
— De l’Espagne ? oui, monsieur le président, et même de plusieurs autres puissances.
— Il serait important de constater cette participation, sire.
— Aussi, interrompit Catherine, le roi a-t-il l’intention, monsieur le président, de surseoir à l’exécution, si le coupable signe une confession analogue à ses dépositions devant le juge qui lui a fait infliger la question.
Brisson interrogea le roi des yeux et du geste.
— C’est mon intention, dit Henri, et je ne le cache pas plus longtemps ; vous pouvez vous en assurer, monsieur Brisson, en faisant parler au patient par votre lieutenant de robe.
— Votre Majesté n’a rien de plus à recommander ?
— Rien. Mais pas de variation dans les aveux, ou je retire ma parole. Ils sont publics, ils doivent être complets.
— Oui, sire. Avec les noms des personnages compromis ?
— Avec les noms, tous les noms !
— Même lorsque ces noms seraient entachés, par l’aveu du patient, de haute trahison et révolte au premier chef ?
— Même lorsque ces noms seraient ceux de mes plus proches parents ! dit le roi.
— Il sera fait comme Votre Majesté l’ordonne.
— Je m’explique, monsieur Brisson ; ainsi donc, pas de malentendu. On apportera au condamné du papier et des