Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/97

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cher que de la main où vous avez un gant ; vous voyez bien que je ne m’occupe pas de vous.

— À la bonne heure ! grommela Pincorney ; si vous ne vous occupez pas de moi, je n’ai rien à dire.

— Ah ! Monsieur, fit Eustache de Miradoux à Carmainges, avec les plus conciliantes intentions, vous n’êtes pas gracieux pour notre compatriote.

— Et de quoi diable vous mêlez-vous, Monsieur ? reprit Ernauton de plus en plus contrarié.

— Vous avez raison, Monsieur, dit Miradoux en saluant, cela ne me regarde point.

Et il tourna les talons pour aller rejoindre Lardille, assise dans un coin de la grande cheminée ; mais quelqu’un lui barra le passage.

C’était Militor, avec ses deux mains dans sa ceinture et son rire narquois sur les lèvres.

— Dites donc, beau-papa ? fit le vaurien.

— Après ?

— Qu’en dites-vous ?

— De quoi ?

— De la façon dont ce gentilhomme vous a rivé votre clou ?

Hein !

— Il vous a secoué de la belle façon.

— Ah ! tu as remarqué cela, toi ? dit Eustache essayant de tourner Militor.

Mais celui-ci fit échouer la manœuvre en se portant à gauche et en se retrouvant de nouveau devant lui.

— Non-seulement moi, continua Militor, mais encore tout le monde ; voyez comme chacun rit autour de nous.

Le fait est qu’on riait, mais pas plus de cela que d’autre chose.

Eustache devint rouge comme un charbon.

— Allons, allons, beau-papa, ne laissez pas refroidir l’affaire, dit Militor.