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Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/175

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— Pourquoi faire ?

— Pour mieux dormir. Ce petit vin du pays donne un sommeil plein de douceur. Aimez-vous la chasse, Chicot ?

— Pas beaucoup, sire ; et vous ?

— J’en suis passionné, moi, depuis mon retour à la cour du roi Charles IX.

— Pourquoi Votre Majesté me faisait-elle l’honneur de s’informer si j’aimais la chasse ? demanda Chicot.

— Parce que je chasse demain, et compte vous emmener avec moi.

— Sire, ce sera beaucoup d’honneur, mais…

— Oh ! compère, soyez tranquille, cette chasse est faite pour réjouir les yeux et le cœur de tout homme d’épée. Je suis bon chasseur, Chicot, et je tiens à ce que vous me voyiez dans mes avantages, que diable ! Vous voulez me connaître, dites-vous ?

— Ventre de biche ! sire, c’est un de mes plus grands désirs, je l’avoue.

— Eh bien ! c’est un côté sous lequel vous ne m’avez pas encore étudié.

— Sire, je ferai tout ce qu’il plaira au roi.

— Bon ! c’est chose convenue ! Ah ! voici un page ; on nous dérange.

— Quelque affaire importante, sire.

— Une affaire, à moi, lorsque je suis à table ! Il est étonnant, ce cher Chicot, pour se croire toujours à la cour de France. Chicot, mon ami, sache une chose : c’est qu’à Nérac…

— Eh bien ! sire ?

— Quand on a bien soupé, l’on se couche.

— Mais ce page ?…

— Eh bien ! mais ce page ne peut-il annoncer autre chose que des affaires ?

— Ah ! je comprends, sire, et je vais me coucher.

Chicot se leva, le roi en fit autant et prit le bras de son