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Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/298

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reçue du ciel, à laquelle il fut fidèle toute sa vie, et pour laquelle il mourut comme un martyr, fut de fonder la république de Hollande, qu’il fonda en effet. Jeune, il avait été appelé par Charles-Quint à sa cour. Charles-Quint se connaissait en hommes ; il avait jugé Guillaume, et souvent le vieil empereur, qui tenait alors dans sa main le globe le plus pesant qu’ait jamais porté une main impériale, avait consulté l’enfant sur les matières les plus délicates de la politique des Pays-Bas. Bien plus, le jeune homme avait vingt-quatre ans à peine, quand Charles-Quint lui confia, en l’absence du fameux Philibert-Emmanuel de Savoie, le commandement de l’armée de Flandre. Guillaume s’était alors montré digne de cette haute estime ; il avait tenu en échec le duc de Nevers et Coligny, deux des plus grands capitaines du temps, et, sous leurs yeux, il avait fortifié Philippeville et Charlemont ; le jour où Charles-Quint abdiqua, ce fut sur Guillaume de Nassau qu’il s’appuya pour descendre les marches du trône, et ce fut lui qu’il chargea de porter à Ferdinand la couronne impériale, que Charles-Quint venait de résigner volontairement.

Alors était venu Philippe II, et, malgré la recommandation de Charles-Quint à son fils, de regarder Guillaume comme un frère, celui-ci avait bientôt senti que Philippe II était un de ces princes qui ne veulent pas avoir de famille. Alors s’était affermie en sa pensée cette grande idée de l’affranchissement de la Hollande et de l’émancipation des Flandres, qu’il eût peut-être éternellement enfermée en son esprit, si le vieil empereur, son ami et son père, n’eût point eu cette étrange idée de substituer la robe du moine au manteau royal. Alors les Pays-Bas, sur la proposition de Guillaume, demandèrent le renvoi des troupes étrangères ; alors commença cette lutte acharnée de l’Espagne, retenant la proie qui voulait lui échapper ; alors passèrent sur ce malheureux peuple, toujours froissé entre la France et l’Empire, la vice-royauté de Marguerite d’Autriche et le