Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/67

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quand on rencontre par hasard un homme comme monsieur de Carmainges, il faudrait parler, comme chez les anciens Romains, de couronnes et de récompenses. La lettre est toujours à celui qui la porte, duc, ou à celui à qui on la porte.

D’Épernon s’inclina en grommelant.

— Vous porterez votre lettre, monsieur de Carmainges.

— Mais, sire, songez à ce qu’elle peut renfermer, dit d’Épernon. Ne jouons pas à la délicatesse, lorsqu’il s’agit de la vie de Votre Majesté.

— Vous porterez votre lettre, monsieur de Carmainges, reprit le roi sans répondre à son favori.

— Merci, sire, dit Carmainges en se retirant.

— Où la portez-vous ?

— À madame la duchesse de Montpensier ; je croyais avoir eu l’honneur de le dire à Votre Majesté.

— Je m’explique mal. À quelle adresse ? voulais-je dire. Est-ce à l’hôtel de Guise, à l’hôtel Saint-Denis ou à Bel ?…

Un regard de d’Épernon arrêta le roi.

— Je n’ai aucune instruction particulière de M. de Mayenne à ce sujet, sire ; je porterai la lettre à l’hôtel de Guise, et là je saurai où est madame de Montpensier.

— Alors vous vous mettrez en quête de la duchesse ?

— Oui, sire.

— Et l’ayant trouvée ?

— Je lui rendrai mon message.

— C’est cela. Maintenant, monsieur de Carmainges…

Et le roi regarda fixement le jeune homme.

— Sire ?

— Avez-vous juré ou promis autre chose à M. de Mayenne que de remettre cette lettre aux mains de sa sœur ?

— Non, sire.

— Vous n’avez point promis, par exemple, insista le roi, quelque chose comme le secret sur l’endroit où vous pourriez rencontrer la duchesse ?