Et le duc éclata de rire.
Loignac tourna sur ses talons pour ne pas répondre ; il ne se sentait pas, tout Gascon qu’il était, la force de mentir avec la même effronterie que son illustre chef.
— C’était une épreuve ? dit le roi avec doute ; tant mieux d’Épernon, si c’était une épreuve ; mais je ne vous conseille pas ces épreuves-là avec tout le monde, trop de gens y succomberaient.
— Tant mieux ! répéta à son tour Carmainges, tant mieux, monsieur le duc, si c’est une épreuve ; je suis sûr alors des bonnes grâces de Monseigneur.
Mais, tout en disant ces paroles, le jeune homme paraissait aussi peu disposé à croire que le roi.
— Eh bien ! maintenant que tout est fini, Messieurs, dit Henri, partons.
D’Épernon s’inclina.
— Vous venez avec moi, duc ?
— C’est-à-dire que j’accompagne Votre Majesté à cheval ; c’est l’ordre qu’elle a donné, je crois ?
— Oui. Qui tiendra l’autre portière ? demanda Henri.
— Un serviteur dévoué de Votre Majesté, dit d’Épernon, M. de Sainte-Maline.
Et il regarda l’effet que ce nom produisait sur Ernauton.
Ernauton demeura impassible.
— Loignac, ajouta-t-il, appelez M. de Sainte-Maline.
— Monsieur de Carmainges, dit le roi, qui comprit l’intention du duc d’Épernon, vous allez faire votre commission, n’est-ce pas, et revenir immédiatement à Vincennes ?
— Oui, sire.
Et Ernauton, malgré toute sa philosophie, partit assez heureux de ne point assister au triomphe qui allait si fort réjouir le cœur ambitieux de Sainte-Maline.