un véritable écolier, preuve qu’il est véritablement amoureux.
— Comment a-t-il agi ? voyons, dites ?
— Il a pris une échelle et a grimpé au balcon.
— Ah ! fit Remy en comprimant les battements tumultueux de son cœur, ah ! voilà comment il a agi ?
— Il paraît qu’elle est fort belle, ajouta Aurilly.
— Vous ne l’avez donc pas vue, vous ?
— Non, mais d’après ce que Monseigneur m’a dit, je brûle de la voir, ne fût-ce que pour juger de l’exagération que l’amour apporte dans un esprit sensé. Ainsi donc, c’est convenu, vous êtes à nous ?
Et, pour la troisième fois, Aurilly essaya de faire accepter l’or à Remy.
— Certainement que je suis à vous, dit Remy en repoussant la main d’Aurilly ; mais encore faut-il que je sache quel est mon rôle dans les événements que vous préparez.
— Répondez-moi d’abord : la dame de là-haut est-elle la maîtresse de M. du Bouchage ou de son frère ?
Le sang monta au visage de Remy.
— Ni de l’un ni de l’autre, dit-il avec contrainte ; la dame de là-haut n’a pas d’amant.
— Pas d’amant ! mais alors c’est un morceau de roi, une femme qui n’a pas d’amant ! Morbleu ! Monseigneur, nous avons trouvé la pierre philosophale.
— Donc, reprit Remy, monseigneur le duc d’Anjou est amoureux de ma maîtresse ?
— Oui.
— Et que veut-il ?
— Il veut l’avoir à Château-Thierry, où il se rend à marches forcées.
— Voilà, sur mon âme, une passion venue bien vite.
— C’est comme cela que les passions viennent à Monseigneur.
— Je ne vois à cela qu’un inconvénient, dit Remy.