Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 3.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de ses amours, cela se conçoit ; lui, s’il n’oubliait pas, comment pourrait-il vivre ? Mais Aurilly n’aura pas oublié, lui ; s’il voit votre visage, il croira voir une ombre vengeresse, et vous dénoncera.

— Remy, je croyais t’avoir dit que j’avais un masque, je croyais que tu m’avais dit que tu avais un couteau ?

— C’est vrai, Madame, dit Remy, et je commence à croire que Dieu est d’intelligence avec nous pour punir les méchants.

Alors, appelant Aurilly du haut de l’escalier :

— Monsieur, dit-il, Monsieur !

— Eh bien ? demanda Aurilly.

— Eh bien ! ma maîtresse remercie M. le comte du Bouchage d’avoir ainsi pourvu à sa sûreté, et elle accepte avec reconnaissance votre offre obligeante.

— C’est bien, c’est bien, dit Aurilly, prévenez-la que les chevaux sont prêts.

— Venez, Madame, venez, dit Remy, en offrant son bras à Diane.

Aurilly attendait au bas de l’escalier, lanterne en main, avide qu’il était de voir le visage de l’inconnue.

— Diable ! murmura-t-il, elle a un masque. Oh ! mais, d’ici à Château-Thierry, les cordons de soies seront usés… ou coupés.