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II

FRANÇAIS ET FLAMANDS.


Au moment où tout le conseil sortait de l’hôtel de ville, et où les officiers allaient se mettre à la tête de leurs hommes et exécuter les ordres du chef inconnu qui semblait envoyé aux Flamands par la Providence elle-même, une longue rumeur circulaire qui semblait envelopper toute la ville retentit et se résuma dans un grand cri.

En même temps l’artillerie tonna.

Cette artillerie vint surprendre les Français au milieu de leur marche nocturne, et lorsqu’ils croyaient surprendre eux-mêmes la ville endormie. Mais au lieu de ralentir leur marche, elle la hâta.

Si l’on ne pouvait prendre la ville par surprise à l’échelade, comme on disait en ce temps-là, on pouvait, comme nous avons vu le roi de Navarre le faire à Cahors, on pouvait combler le fossé avec des fascines et faire sauter les portes avec des pétards.

Le canon des remparts continua donc de tirer ; mais dans la nuit son effet était presque nul ; après avoir répondu par des cris aux cris de leurs adversaires, les Français s’avancèrent en silence vers le rempart avec cette fougueuse intrépidité qui leur est habituelle dans l’attaque.

Mais tout à coup portes et poternes s’ouvrent, et de tous côtés s’élancent des gens armés ; seulement, ce n’est point l’ardente impétuosité des Français qui les anime, c’est une sorte d’ivresse pesante qui n’empêche pas le mouvement