Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 3.djvu/231

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tenait Henri du Bouchage, accomplissant rigoureusement son service et ses devoirs.

Le roi le remercia et le salua d’un signe de tête amical, auquel Henri répondit par une révérence profonde.

Ces intelligences firent tourner la tête à Joyeuse qui sourit de loin à son frère, sans cependant le saluer trop visiblement de peur d’offenser l’étiquette.

— Sire, dit Joyeuse, je suis mandé vers Votre Majesté par M. le duc d’Anjou, revenu tout récemment de l’expédition des Flandres.

— Mon frère se porte bien, monsieur l’amiral ? demanda le roi.

— Aussi bien, sire, que le permet l’état de son esprit ; cependant je ne cacherai pas à Votre Majesté que Monseigneur paraît souffrant.

— Il aurait besoin de distractions après son malheur, dit le roi, heureux de proclamer l’échec arrivé à son frère tout en paraissant le plaindre.

— Je crois que oui, sire.

— On nous a dit, monsieur l’amiral, que le désastre avait été cruel.

— Sire…

— Mais que, grâce à vous, bonne partie de l’armée avait été sauvée ; merci, monsieur l’amiral, merci. Ce pauvre M. d’Anjou ne désire-t-il pas nous voir ?

— Ardemment, sire.

— Aussi, le verrons-nous. N’êtes-vous pas de cet avis, Madame ? dit Henri en se tournant vers Catherine, dont le cœur souffrait tout ce que son visage s’obstinait à cacher.

— Sire, répondit-elle, je serais allée seule au-devant de mon fils ; mais, puisque Votre Majesté daigne se réunir à moi dans ce vœu de bonne amitié, le voyage me sera une partie de plaisir.

— Vous viendrez avec nous, Messieurs, dit le roi aux courtisans ; nous partirons demain, je coucherai à Meaux.