Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 3.djvu/244

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— Le Voilà qui revient, murmura Henri ; est-il seul ? est-il accompagné ?

Le groupe s’avançait du côté où la lune argentait un espace de terrain vide.

C’est au moment où, marchant en sens opposé, l’homme au surcot traversait cet espace, que Henri avait cru reconnaître Remy.

Cette fois Henri vit deux ombres bien distinctes ; il n’y avait point à s’y tromper.

Un froid mortel descendit jusqu’à son cœur et sembla l’avoir fait de marbre.

Les deux ombres marchaient vite, quoique d’un pas ferme ; la première était vêtue d’un surcot de laine, et, à cette seconde apparition comme à la première, le comte crut bien reconnaître Remy.

La seconde, complètement enveloppée d’un grand manteau d’homme, échappait à toute analyse.

Et cependant, sous ce manteau, Henri crut deviner ce que nul n’eût pu voir.

Il poussa une sorte de rugissement douloureux, et dès que les deux mystérieux personnages eurent disparu derrière la charmille, le jeune homme s’élança derrière et se glissa de massifs en massifs à la suite de ceux qu’il voulait connaître.

— Oh ! murmurait-il tout en marchant, est-ce que je ne me trompe pas, mon Dieu ? est-ce que c’est possible ?