Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 3.djvu/256

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par Larchant, et toute la maison de plaisir du roi, mulets, coffres et valetaille, formaient une armée dont les files suivaient les sinuosités de la route qui monte de la rivière au sommet de la colline.

Enfin, le cortège entra en ville au son des cloches, des canons et des musiques de tout genre.

Les acclamations des habitants furent vives : le roi était si rare en ce temps-là, que, vu de près, il semblait encore avoir gardé un reflet de la divinité.

Le roi, en traversant la foule, chercha vainement son frère. Il ne trouva que Henri du Bouchage à la grille du château.

Une fois dans l’intérieur, Henri III s’informa de la santé du duc d’Anjou à l’officier qui avait pris sur lui de recevoir Sa Majesté.

— Sire, répondit celui-ci, Son Altesse habite depuis quelques jours le pavillon du parc, et nous ne l’avons pas encore vue ce matin. Cependant il est probable que, se portant bien hier, elle se porte bien encore aujourd’hui.

— C’est un endroit bien retiré, à ce qu’il paraît, dit Henri mécontent, que ce pavillon du parc, pour que le canon n’y soit pas entendu ?

— Sire, se hasarda de dire un des deux serviteurs du duc, Son Altesse n’attendait peut-être pas si tôt Votre Majesté.

— Vieux fou, grommela Henri, crois-tu donc qu’un roi vienne comme cela chez les gens sans les prévenir ? M. le duc d’Anjou sait mon arrivée depuis hier.

Puis, craignant d’attrister tout ce monde par une mine soucieuse, Henri, qui voulait paraître doux et bon aux dépens de François, s’écria :

— Puisqu’il ne vient pas au-devant de nous, allons au-devant de lui.

— Montrez-nous le chemin, dit Catherine du fond de sa litière.

Toute l’escorte prit la route du vieux parc.