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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

sérieusement, les faits que je vais vous citer, monsieur, sont-ils de la critique littéraire ?

» Le lendemain de la réception de mon drame d’Henri III à la Comédie-Française, le Courrier des théâtres, qui ne connaissait pas l’ouvrage, le dénonçait, à la censure, avec l’espérance, disait-il, qu’elle ne souffrirait pas le scandale de la représentation.

» Cela, me paraît plutôt de la police, que de la littérature. Qu’en dites-vous, monsieur ?

« Je ne parlerai pas d’une pétition, présentée au roi, pendant mes répétitions, pour faire rentrer le Théâtre-Français dans la route du vrai beau[1]. On assure que l’auguste personnage auquel elle était adressée répondit simplement :

— Que puis-je dans une question de cette nature ? Je n’ai, comme tous les Français, qu’une place au parterre.

» Je n’ai vraiment pas le courage d’en vouloir aux signataires d’une dénonciation qui nous a valu une telle réponse.

» D’ailleurs, quelques-uns d’entre eux ont rougi, depuis, de ce qu’ils avaient fait, en ont dit qu’ils avaient cru signer tout autre chose.

« Puis arriva le jour de la représentation ; de ce jour seulement, les journaux, et on conviendra, avaient le droit de parler de l’ouvrage.

» Ils en usèrent largement : à eux permis mais quelques-uns d’entre eux, ils l’avoueront eux-mêmes, n’ont pas été élégants dans leurs critiques. Le Constitutionnel et le Corsaire en dirent beaucoup plus de bien, le premier jour, que la pièce ne le méritait.

» Huit jours après, le Constitutionnel comparait la pièce à celle de la Pie voleuse, et accusait l’auteur d’avoir dansé en rond dans le foyer de la Comédie-Française, avec quelques

  1. J’avais oublié d’inscrire M. de Laville, auteur du Folliculaire et d’une Journée d’élections, au nombre des signataires de cette pétition, que j’ai citée dans une autre partie de mes Mémoires. Un de ces signataires, qui survit aux autres, m’a fait remarquer mon erreur, et je la répare.