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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/296

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

auteur, auquel il importe beaucoup, par cela même qu’il est jeune et auteur, d’établir les faits tels qu’ils se sont passés.

n J’étais à l’orchestre des Français, entre M. de Jouy et M. Victor Hugo, pendant toute la représentation de Pertinax. Obligé en quelque sorte, comme écolier de l’art, d’étudier ce que font les maîtres, j’avais écouté attentivement et en silence les cinq actes qui venaient de s’achever, quand, au milieu de la contestation assez vive qui s’était élevée entre quelques spectateurs qui voulaient, les uns que l’on nommât M. Arnault, les autres qu’on ne le nommât point, je fus insolemment apostrophé, moi, muet et assis, par un ami de M. Arnault, debout et me désignant du doigt.

» Je rappellerai textuellement sa phrase :

» — Il n’est pas étonnant qu’on siffle à l’orchestre quand M. Dumas est à l’orchestre. — N’avez-vous pas honte, monsieur, de vous faire le chef d’une cabale ?

» Et sur ma réponse que je n’avais pas dit un mot, il ajouta :

» — N’importe, c’est vous qui dirigez toute la ligue !

» Comme quelques personnes eussent pu croire à cette stupide accusation, j’en appelai au témoignage de MM. de Jouy et Victor Hugo. Ce témoignage fut ce qu’il devait être, c’est-à-dire unanime.

» Cela suffit, je crois, pour me disculper.

» Mais, pendant que j’ai la plume à la main, monsieur, comme c’est probablement la première et peut-être la dernière fois que j’écris dans un journal[1], je désirerais ajouter quelques mots relatifs aux ridicules attaques que m’a values mon drame d’Henri III ; l’occasion ne s’en présentera peut-être jamais aussi favorablement qu’aujourd’hui : permettez donc que je la saisisse.

» Je crois comprendre, et j’accepte, je le crois encore, la véritable critique littéraire aussi bien que personne. Mais,

  1. Comme Bonaparte au 15 vendémiaire, j’étais loin de voir clair dans ma destinée !