la promulgation de quelque contribution de guerre, de quelque impôt forcé, de quelque avanie enfin, comme on dit en Orient.
Un jour, ils crurent le moment fatal arrivé, et leur terreur fut grande. La présence d’un agent du gouvernement français, ayant mission de dévaliser les monts-de-piété italiens, avait été signalée : cet agent se présenta chez mon père pour lui faire part de sa mission.
Il n’y trouva que Dermoncourt.
Dermoncourt écouta tranquillement tous les projets de cet agent de rapines, toutes les offres de partage qu’il fit pour être transmises à mon père ; puis, quand il eut fini :
— Comment êtes-vous venu ici ? lui demanda-t-il.
— Mais en poste.
— Eh bien, si j’ai un conseil à vous donner, c’est de repartir comme vous êtes venu, sans même voir le général.
— Et pourquoi ? demanda le voyageur.
— Mais parce qu’il est brutal en diable à l’endroit de certaines propositions.
— Bah ! je les lui ferai si belles, qu’il les écoutera.
— Vous le voulez absolument ?
— Mais oui.
— Essayez.
Mon père entrait juste à ce moment-là.
L’agent demanda à rester seul avec lui.
Mon père interrogea de l’œil Dermoncourt, qui lui fit stoïquement signe d’accorder l’audience demandée.
Resté seul avec mon père, l’agent du Directoire exposa longuement sa mission ; puis, voyant que mon père l’écoutait sans répondre, il passa de l’exposition au fait et du fait à la péroraison. La péroraison, c’était la part du pillage qui revenait à mon père.
Mais mon père ne le laissa pas achever.
Il le prit au collet, l’enleva à bras tendu, ouvrit la porte au milieu de son état-major, qui, réuni par Dermoncourt, attendait la fin de cette scène.
— Messieurs, dit-il, regardez bien ce petit gueux-là afin de