elle se fût la première opposée au projet qu’elle me présentait sous le plus riant aspect.
Deux ou trois mois se passèrent en luttes de ma part, et en prières de la part de ma mère.
Enfin, un beau jour qu’elle avait déployé toutes les séductions de son esprit pour me décider ; qu’elle me jurait, sur sa parole d’honneur, que je serais toujours libre de revenir à la maison, si le régime du séminaire ne me convenait pas, je lâchai le oui fatal, et je consentis à tout ce qu’elle voulut.
Il me fut accordé huit jours pour faire mes préparatifs de départ.
C’était une grande séparation que celle qui se préparait, et, certes, elle coûtait autant à ma mère qu’à moi. Aussi ma mère me cachait-elle ses larmes, de sorte que, injuste que j’étais, je la croyais bien contente de se séparer de moi.
La veille du jour où l’on devait m’embarquer dans la voiture qui, deux fois par semaine, faisait le service entre Villers-Cotterets et Soissons, comme je réunissais toutes mes petites affaires de collégien, je m’aperçus qu’il me manquait un encrier. J’en fis l’observation à ma mère, qui, reconnaissant la justice de mon désir, me demanda comment je le voulais.
J’avais des idées luxueuses à l’endroit de cet encrier. Je voulais un encrier de corne avec un récipient pour les plumes. Mais, comme ma mère ne comprenait pas bien mes explications, elle me donna douze sous, et me chargea d’aller acheter l’encrier moi-même.
Qu’on fasse bien attention à ce détail ; si puéril qu’il soit, il a changé la face de ma vie.
J’allai chez un épicier nommé Devaux. Je me serais bien gardé d’aller chez Lebègue : on sait pourquoi.
L’épicier n’avait pas d’encrier comme j’en désirais un ; il m’en promit un pour le soir.
Le soir, je revins.
Il avait l’encrier. Mais le hasard fit qu’en même temps que moi, se trouvait dans le magasin ma cousine Cécile.
En me voyant, sa joie fut grande. Elle trouvait donc l’occasion de me dire à moi-même qu’elle me souhaitait toute sorte