1826, le second dans le numéro du mercredi 25, le troisième dans le numéro du dimanche 29, et le quatrième dans le numéro du mardi 31.
» Je prends la liberté de me rappeler à votre souvenir ; car vous n’ignorez pas que, depuis dix ans que je suis au bagne de Toulon, je n’ai pas interrompu un seul instant les honorables fonctions que l’on m’a confiées. Cependant, comme il serait possible que vous m’eussiez oublié, je vais vous tracer de nouveau un petit tableau de mon existence physique et morale.
« Je m’appelle de *** ; oui, monsieur le préfet, de *** ! Mon nom est précédé de la particule, et j’ai pourtant été confondu avec un tas de coquins obscurs… Mais, hélas ! vous le savez comme moi, dans ce monde, à quoi n’est-on pas exposé ? Revenons à mon portrait. — Je ne suis ni grand ni petit, ni beau ni laid ; j’ai une de ces figures qui s’oublient facilement ce qui est un grand avantage dans notre état, car, si l’on nous reconnaissait toujours, nous serions souvent exposés à des scènes fort désagréables. La nature m’a doué d’un de ces regards obliques que le vulgaire appelle louches, mais que nous autres savons apprécier ; car, lorsqu’on a l’air de regarder d’un côté, on voit de l’autre. J’ai l’organe de l’ouïe très-développé, et, dans une conversation, pas un mot ne m’échappe. Enfin, ma colonne vertébrale est excessivement souple ; ce qui m’a été d’une grande utilité dans mainte occasion… Quant au moral, j’ai l’air le plus engageant du monde : je suis poli, affable, obséquieux même, et je possède la flatterie au plus haut degré ; je m’insinue dans l’intérieur des familles, je pénètre les replis les plus cachés du cœur humain : un regard, un demi-mot, me mettent sur la voie,