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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/29

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

demandent si je veux leur rendre un service ; j’accepte, bien entendu.

» Ils me chargent d’aller, au haut du faubourg Saint-Jacques, dire à leur mère, madame Aumain, que ses fils sont en bonne santé ; qu’ils rentreront peu t-être un peu tard, mais qu’en attendant, elle soit sans inquiétude.

» Je pars avec Auguste, regardant comme un devoir sacré d’aller donner à une mère des nouvelles de ses enfants, et oubliant que ma mère, à moi, doit être aussi inquiète que celle chez qui je vais.

» J’ajouterai aussi que, redoutant la colère de mon père, je reculais autant que je pouvais le moment de rentrer.

» Nous trouvâmes madame Aumain à l’adressé indiquée. Cette dame nous demanda avec empressement depuis combien de temps nous avions quitté ses fils, à quel endroit nous les avions laissés ; puis elle nous fit une foule de questions sur les affaires du jour.

» Elle semblait prendre le plus grand intérêt au succès des républicains.

» Une jeune fille assez grande, d’une beauté ravissante, et qui, probablement, était la sœur des deux artilleurs, était là écoutant et interrogeant.

» Enchantés de l’importance que nous donnait notre mission, nous bavardions,. Auguste et moi, icomme deux vrais enfants de Paris.

» Lorsque ces dames ement appris tout ce qu’elles désiraient savoir, — et il y en avait eu pour plus d’une heure, — elles nous engagèrent à retourner promptement chez nos parents respectifs.

» Malgré notre appréhension d’ètre sévèrement grondés en arrivant, nous résolûmes de suivre l’avis, et nous sortîmes de chez madame Aumain, décidés à ne pas nous arrêter en route.

» Malheureusement, la circulation était interdite.

» En arrivant aux ponts, bonsoir ! impossible dépasser !

» Alors, nous nous retirâmes sous une porte avec d’autres individus attardés comme nous.

» Mais, à onze heures, le concierge nous mit dehors.