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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/76

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


Non, ce qui l’occupait, c’est l’ombre blonde et rose
D’un bel enfant qui dort la bouche demi-close,
Gracieux comme l’Orient ;
Tandis qu’avec amour sa nourrice enchantée
D’une goutte de lait au bout du sein restée,
Agace sa lèvre en riant !

Le père, alors, posait les coudes sur sa chaise ;
Son cœur plein de sanglots se dégonflait à l’aise ;
Il pleurait d’amour éperdu…
Sois béni, pauvre enfant, tête aujourd’hui glacée,
Seul être qui pouvait distraire sa pensée
Du trône du monde perdu !

____


Tous deux sont morts ! Seigneur, votre droite est terrible !
Vous avez commencé par le maître invincible,
Par l’homme triomphant ;
Puis vous avez enfin complété l’ossuaire.
Dix ans vous ont suffi pour filer le suaire
Du père et de l’enfant !

Gloire, jeunesse, orgueil, biens que la tombe emporte !
L’homme voudrait laisser quelque chose à la porte ;
Mais la mort lui dit : « Non ! »
Chaque élément retourne où tout doit redescendre !
L’air reprend la fumée et la terre la cendre ;
L’oubli reprend le nom.


Décidément, je préfère la poésie à la politique. Êtes-vous ds mon avis, cher lecteur ? Maintenant, comment a vécu, comment est mort le pauvre enfant exilé, le pauvre aiglon tombé hors du nid ? C’est ce que nous dirons dans les chapitres suivants.