CCXLVIII
« Le prince de Metternich, dit M. de Montbel, fut expressément chargé d’apprendre au duc de Reichstadt une histoire exacte et complète de Napoléon. »
Quelle ironie ! c’est l’homme qui a signé les instructions de M. de Sturmer, le représentant de l’Autriche à Sainte-Hélène, que l’on charge d’apprendre au fils l’histoire exacte et complète du père, dont ce fils ne porte plus le nom, ne porte plus le titre, ne porte plus les armes !
Pauvre prisonnier ! si l’on eût ajouté cette torture à ton agonie, de te dire : « Ton fils te connaîtra sur l’appréciation et d’après le récit de M. de Metternich ! »
— Je désire, dit l’empereur François au premier ministre, que le duc respecte la mémoire de son père, prenne exemple de ses grandes qualités, et qu’il apprenne à connaître ses défauts, afin de les éviter et de se prémunir contre leur fatale influence. Parlez au prince, sur le compte de son père, comme vous voudriez que l’on parlât de vous à votre propre fils. Ne lui cachez, à cet égard, aucune vérité ; mais enseignez-lui, je le répète, à honorer sa mémoire.
« Dès lors, — dit M. de Montbel avec une bonhomie qui peut être aussi bien de la raillerie que de la naïveté, — dès lors, M. de Metternich dirigea le duc de Reichstadt dans les hautes études historiques. En mettant sous ses yeux des documents irrécusables, il l’accoutumait à connaître la bonne foi des factions et la justice de l’esprit de parti ; il s’attachait à former son esprit aux habitudes d’une saine critique, à éclairer sa raison en lui enseignant à apprécier les actions et les événements