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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/226

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

risque de ce qui pouvait leur en arriver de mal, offrirent, comme témoins, leurs services au comte de Ribbing.

Par bonheur, ces services furent inutiles : le colonel ne se battit point.

La liste des trente-huit avait, aux dépens de la France, enrichi Bruxelles. — Arnault, Exelmans, Régnault de Saint-Jean d’Angély, Cambacérès, Harel, Cauchois-Lemaire étaient proscrits.

M. de Ribbing se lia avec eux, et avec eux fonda le Nain jaune, journal dont la réputation fut bientôt européenne.

À la suite d’un article publié par le comte dans ce journal, le gouvernement prussien demanda que l’auteur de cet article lui fût livré.

Il ne s’agissait pas moins que d’un emprisonnement à perpétuité dans une citadelle. La Prusse, on le sait, est encore le pays des citadelles, et a été longtemps celui des emprisonnements.

Cependant le roi Guillaume laissa au comte de Ribbing le choix d’être livré à la Prusse ou à la France, — à peu près comme le cuisinier laisse au poulet le choix d’être mis à la broche ou en fricassée. — M. de Ribbing opta pour la France.

Il fut pris, jeté dans une chaise de poste avec son fils, et conduit aux portes de Condé.

Là, il s’orienta, cherchant auquel de ses anciens amis il pouvait aller demander l’hospitalité.

Le plus proche de lui, c’était M. Collard.

Il s’achemina vers Villers-Hellon.

Il va sans dire qu’il fut reçu cœur et bras ouverts. Il habitait depuis trois jours ce charmant domaine, — si fort changé depuis le temps des cordonniers, qu’il ne voulait pas absolument le reconnaître, — quand je rencontrai son fils, Adolphe de Leuven, donnant le bras à madame Capelle, et la main à la petite Marie.