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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/281

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« Votre or, princesse, c’est justement ce que nous cherchons. »

Ils se retirent, et font semblant de délibérer.

Puis, se rapprochant après la délibération, ils ordonnent au commandant des mamelouks d’emporter cette caisse avec les autres.

La princesse doute encore de ce qu’elle voit, de ce qu’elle entend.

— Mais, s’écrie-t-elle, il n’est pas possible que vous preniez aussi mes bijoux et mon argent ! que vous m’exposiez à rester avec ma suite au milieu d’un grand chemin !

Alors la force lui manque, à cette noble créature, fille de roi, femme de roi, cousine d’empereur. Les larmes lui viennent aux yeux ; elle demande à parler à Maubreuil. Maubreuil s’approche.

— Mais, monsieur, lui dit-elle, que voulez-vous donc que je devienne ? Rendez-moi au moins cet or, qui m’est nécessaire pour continuer mon chemin.

— Madame, répondit Maubreuil, je ne suis que l’exécuteur des ordres du gouvernement ; je dois rendre vos caisses intactes à Paris. Tout ce que je puis faire pour vous, c’est de vous donner ma ceinture : elle renferme cent napoléons de vingt francs.

La princesse voit, dans cette offre, le dernier dévouement d’un homme qui a été à son service ; elle accepte, sur le conseil que lui donne le comte de Furstenstein.

D’ailleurs, elle croit qu’il va lui être permis de revenir à Paris, et, à Paris, elle retrouvera de l’argent.

Mais il n’en est pas ainsi : on la force à remonter en voiture.

La princesse continuera son chemin vers Villeueuve-la-Guyare, sous l’escorte de deux chasseurs, tandis que ses caisses, son or, ses diamants, chargés sur la patache, vont retourner à Paris.

Si la princesse résiste, les deux chasseurs ont ordre d’employer la violence pour la forcer de continuer sa route.

Elle demande alors à faire au moins escorter ses caisses par une personne à elle. Mais, comme cette demande est exorbitante, elle est repoussée.