Or, voilà que j’ai gardé une copie de ce compte rendu.
Je ne sache pas que cette pièce ait été mise dans aucune histoire.
Elle est curieuse, la voici :
LVII
« Le sieur de Maubreuil est introduit.
» Placé sur le banc des accusés, il regarde fixement M. de Vatimesnil, procureur du roi, et lui adresse la parole :
» — Monsieur le procureur du roi, dit-il, vous m’avez qualifié d’employé du trésor, c’est faux. Je n’ai jamais été un employé du trésor. Les gazetiers ont profité de votre dernier discours pour répandre sur mon procès un jour odieux ; mais je suis au-dessus de leurs atteintes.
» On essaye d’imposer silence au sieur de Maubreuil ; mais il continue avec plus de force :
» — Vous tous, Français, qui êtes ici présents, je mets mon honneur sous votre sauvegarde. Je puis être empoisonné, assassiné demain.
» Les gendarmes mettent la main, sur M. de Maubreuil ; mais il se débarrasse d’eux, et continue :
» — Oui, je dois m’y attendre. On peut me tirer un coup de pistolet dans ma prison ; la police peut m’enlever, me faire disparaître, comme mon cousin, M. de Brosse, qui, au mois de février, avait remis une pétition à la Chambre en ma faveur ; mais je lègue mon honneur aux Français qui sont ici présents. Écoutez ce que je vais vous dire.
» Ici l’accusé élève la voix.
» — J’ai accepté la mission de tuer l’empereur ; mais je ne l’ai acceptée que pour sauver la vie à lui et à sa famille. Oui,