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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/4

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MÉMOIRES
DE
ALEXANDRE DUMAS


XXIX


La carrière. — Les Français mangent le haricot cuit pour les Cosaques. — Le duc de Trévise. — Il se laisse surprendre. — Le bonnetier Ducoudray. — Terreurs.

À cinq ou six cents pas de la ferme de Noue, au milieu de ces plaines semées de genévriers nains, où les rochers percent de tous côtés la terre, comme les os percent la peau d’un phthisique, s’ouvre tout à coup une excavation pareille à celle qu’on rencontre à chaque pas dans la campagne de Rome. Cette excavation semble quelque antre de Cumes, quelque soupirail de l’Averne. Quand on se baisse vers son orifice, on entend — en grand, en effroyable, en gigantesque — ce bruissement qui étonne quand on approche un coquillage de son oreille ; puis, si l’œil s’exerce un instant à percer les ténèbres, qui vont s’épaississant à mesure qu’il plonge dans les profondeurs, on aperçoit à pic, à vingt-cinq ou trente pieds au-dessous de soi, une espèce de roc qui, par une pente rapide, s’enfonce dans les entrailles de la terre.

C’est l’entrée de la carrière.

De quelle carrière ?

De la carrière par excellence sans doute, puisqu’on se con-